L’édition en recommandation

en-construction.jpg

Olivier Ertzscheid et Michel Fauchié m’invitent à venir participer à la conférence qu’ils organisent demain à La Roche-sur-Yon. Je les prends au mot – et je suis ravie. Vite, un plan, Olivier m’ayant donné le titre et l’orientation de la journée voilà une heure.

L’éditeur est un passeur. Son rôle est de défendre les auteurs et les textes qu’ils publie par tous les moyens dont il dispose. Par conséquent, deux principes essentiels, évidents: pas de stocks, un grand soin apporté à la diffusion, et un partenariat très fort avec la librairie.

I. L’édition traditionnelle souffre de sa gestion des stocks, trop lourde.

– Règle du marché. Un livre « en noir », autrement dit un roman ou un ouvrage de sciences humaines et sociales, doit atteindre un coefficient de 4 à 4,5 pour être rentable (coeff 6 pour un beau livre). Coeff qui se calcule comme suit : PPVxtirage/coût de production > ou = à 4.
Or aujourd’hui, dans la plupart des cas, pour un PPV de 20 euros, des tirages de 3000 exemplaires, des stocks qui coûtent chaque année entre 150 et 200 euros le cent (soit 1500 et 2000 euros le mille), des loyers de bureaux qui ont rapidement augmenté, on arrive à des coeff de 1,5. A moins de vendre le livre 60 à 80 euros, ce qui est impossible.

– Il faut donc accompagner l’édition traditionnelle vers une diffusion de plus en plus ouverte. Les moyens dont on dispose sont considérables. Internet lie le monde à soi, partout ou presque. Les mises en réseaux de la Toile font converger vers un centre d’intérêt des communautés extrêmement précises. Ainsi Zazieweb a-t-il fait converger les lecteurs vers des critiques qui ne vont pas dans le sens de la critique officielle. Ainsi les réseaux sociaux peuvent-ils faire converger tels ou tels groupes vers tels ou tels auteurs, groupes de poètes, mouvements artistiques, livres.

– L’attachée de presse doit modifier ses façons de travailler. Dîners en ville et réceptions, pourquoi pas? Signatures et remises de prix, interviewes et rencontres, certainement. Mais mises en réseaux, et en relation, d’un auteur avec un groupe; d’un texte sur tel sujet avec un autre sur un sujet similaire; d’une façon d’écrire avec une autre, différente, mais toute aussi singulière, et qui attire des lecteurs exigeants – ou simplement sensibles. Elle doit tisser une toile autour du livre de façon à le relier à d’autres, intervenir dans les blogs, les groupes, envoyer réactions, coups de gueules, amitiés, des petits riens – qui font tout.

L’édition traditionnelle ne veut pas voir cela encore. Aussi faut-il l’accompagner, en avançant de cette façon. Pas de stocks, une visibilité accrue sur la Toile, et une multiplicité des supports de lecture. Amontour, association, est un chantier en cours (Michel, Benjamin, Dominique, je vous donne le papier à signer cette semaine). Elle fonctionnera selon ces quelques principes essentiels de médiation.

II. L’édition en ligne doit travailler avec l’édition traditionnelle – et non en contre.

– La maison d’édition en ligne Amontour présentera un site correspondant au livre. Site compagnon ou site de création selon les cas, le site laissera toujours la part belle à la mise en valeur du texte. Chaque texte édité sera d’ailleurs choisi en fonction de son aptitude à jouer des dimensions multiples qu’offrent Internet et les différents médias (images, liens, sons, textes courts et multiples).

– La maison d’édition partenaire, lorsqu’il y en a une, proposera l’édition en librairie du livre sous sa forme traditionnelle d’ouvrage imprimé. Lorsqu’il n’y en a pas, Amontour s’engage à faire imprimer les textes à la demande, en passant par l’intermédiaire des libraires qui le souhaiteront.

– Les deux s’accorderont pour éditer les livres aux formats numériques en usage aujourd’hui et dans les formats à venir, de sorte que le livre soit disponible sous tous formats, à tout instant, partout dans le monde.
Après réflexion, et longues, vaines hésitations, les formats numériques seront payants. La somme sera symbolique, de sorte que le livre numérique puisse être lu sur des appareils de lecture suffisamment confortables pour les yeux (et le dos). Mais elle sera, de façon que le public ait la possibilité de rétribuer à sa juste valeur le travail de chacun. En gros, c’est ça ou la distribution de tee-shirts publicitaires (image qui ne satisfait personne au fond).

Amontour, du moins telle que je vous la présente aujourd’hui, n’est qu’un exemple des possibilités envisageables. Le projet évolue en fonction de ce qui se déroule autour de soi, et des moyens dont je dispose. Par exemple, le choix délibéré de ne publier qu’un petit nombre de textes pour mettre en valeur chacun – qui peut sembler aller à l’encontre de ce qui se fait sur le Net où la mise en réseau se fait selon la multitude.

Premiers livres à paraître au printemps, puis à l’automne, au rythme de l’association, et des heures requises. Lancement public à l’automne, pour un gros et beau roman, en partenariat avec une maison d’édition traditionnelle.

Constance Krebs

PS. Les amis, indispensables soutiens, grâce à leur dynamisme. Ci-dessous, dans le désordre: Virginie Clayssen, Alain Pierrot, Hervé Bienvault, Isabelle Aveline, Olivier Ertzscheid, François Bon. Et Michel Fauchié et Olivier Tacheau, que je n’ai pas photographiés mais qui avancent à grands pas dans leurs bibliothèques. Un grand merci à Olivier Ertzscheid qui nous a accueillis si gentiment.

dsc06886.jpgdsc06884.jpgdsc06887.jpgdsc06888.jpgdsc06889.jpgdsc06885.jpg


About this entry