Ordinateur de poche

Mur tôle et papier, avec perspective

Mur tôle et papier, avec perspective

Admettons… une femme active dans le métro. Elle se rend au bureau où elle travaille. Le temps qu’elle passe dans le train de banlieue et dans le métro lui permet de lire. Pas toujours des textes qui demandent quelque concentration, parfois si. Aussi, elle pourrait s’offrir un livre électronique pour qu’il contienne ses bouquins en cours. Mais pourquoi s’encombrerait-elle d’une liseuse alors qu’elle a déjà dans son sac: un magazine féminin, un MP3, un téléphone, un appareil photo (pour son blog), un ordi (pour le travail à la maison en rentrant du bureau – c’est comme ça aujourd’hui), un bouquin corné déjà, le journal du matin ou celui du soir – sans compter les objets habituels d’une femme à sac ? Pourquoi ne pas troquer tout ce bastringue contre un petit objet, chic et cher, quoique. La vidéo d’Alain Pierrot.

Et le logiciel qui va avec, Stanza, par LexCycle.

Des chiffres et des lettres sur iPhone
A moins que déjà, Apple lui ait préféré autre chose. A suivre.

Parce que l’iPhone n’est pas seulement un ordinateur, c’est aussi un téléphone, un appareil photo, un livre électronique et un journal, à moins qu’on préfère y lire un magazine. Je sens le dos de ma femme active se détendre. Elle prend même le temps de consulter ses mails. L’objet hype est multitâche. Le texte doit se trouver sur « du » multi-support. Quitte à rajouter du beurre dans les épinards assez fades de l’économie du livre.

Mais la ménagère, ou l’adolescente rêveuse? celle qui a le temps de jouer aux jeux électroniques ou de tester son QI parce que le marché ne lui offre pas de boulot? Nintendo se lance dans la course, offrant 100 textes classiques pour 23 dollars, en anglais, avec connexion Wifi. La machine coûte entre 140 et 170 euros, soit deux fois moins qu’un Sony Reader… Certes, ce n’est pas du papier électronique, l’écran est minuscule, etc. Mais elle est sans abonnement, comme un livre électronique mais pas comme un téléphone; l’appareil se déplie et s’ouvre comme un bon vieux livre, il séduit les adultes et les enfants, on joue depuis des années dessus comme on téléphone. C’est désormais un produit courant. Comme un livre. Pas le cas de l’Irex Iliad ou 1000, du Cybook ou du PRSony. L’iPhone presque, bien que destiné pour le moment à une clientèle aisée (45 euros l’abonnement minimum mensuel, soit 530 euros par an contre 18 euros pour un téléphone mobile bas de gamme).

Deux usages pour deux types de clientèles. Cela signifie surtout que le marché est mûr pour adopter des usages d’outils multi-fonctions. Que l’éditeur et le libraire devront compter sur le multi-support pour renouveler le métier. Afin de le conserver. Ce ne sont pas les conducteurs de calèches qui ont conduit les trains, me disait-on hier. Signifiant que la nouveauté ne viendra pas de l’édition ni de la libraire. Pourquoi ne ferait-on pas mentir cette jolie phrase? Pourquoi est-ce que la distribution ne passerait-elle pas au numérique? Pourquoi est-ce que le mouvement ne remanierait-il pas le métier, les coutumes – de fond en comble? N’ayons pas peur de changer, puisque le monde tourne.

ck, 10 décembre 2008


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